samedi 19 août 2017

Poil de carotte - Jules Renard

En résumé.

Poil de carotte a les cheveux si roux qu'on les pense rouge, il marche bizarrement et il a des réflexions qui débordent du cadre. Cela fait de lui l'enfant raté d'une famille qui se donne des airs bourgeois. Sa mère, une femme extrêmement antipathique, le rejette et profite de n'importe quelle occasion pour l'humilier. Son père brille par son absence. Grand frère Félix et Sœur Ernestine, plutôt que de protéger leur vilain petit canard, marchent dans le sillon de leur mère et ont choisi de faire de Poil de carotte un cobaye pour leurs expériences mal intentionnées. Alors le petit garçon va se construire comme il peut et on voit bien les dégâts que peuvent causer le manque d'amour et de tendresse des parents envers leur enfant.

Mon avis.

J'avais beaucoup aimé l'adaptation télévisée de Poil de Carotte par Richard Bohringer mettant en scène Fanny Cottençon dans le rôle de la mère Lepic et Antoine NGuyen dans le rôle de Poil de carotte. Ce film m'avait émue aux larmes tellement il est simple dans sa cruauté. Quand je suis tombée sur le célèbre classique dans une boîte à livres d'un parc de ma ville, j'ai eu envie de découvrir la version initiale de cette histoire. J'en ressors avec un sentiment plutôt mitigé et surtout pas à la hauteur du téléfilm.

Pour commencer, j'ai été surprise par l'articulation du livre. Celui-ci se découpe en très brefs chapitres qui sont en fait des tableaux de la vie du petit garçon, comme si Jules Renard avait choisi quelques extraits des railleries dont Poil de carotte était victime et nous les avait présentés, à la façon d'une salle d'exposition d'un musée de l'injustice. L'histoire n'a donc pas de fil rouge, et le tout paraît un peu décousu. D'ailleurs, on ne se sait quasiment rien des protagonistes. A chaque fois, une anecdote est choisie, et on a en quelque sorte une morale de l'histoire dans les dernières lignes. On sait que cette histoire naît dans les propres souvenirs de l'auteur. Peut-être a-t-il choisi certains faits particulièrement marquants pour les partager avec le lecteur via le personnage de Poil de carotte.

Ensuite, le livre est censée s'adresser à la jeunesse car il met en scène un petit garçon qui a des activités de petit garçon. Néanmoins, je reste très sceptique et c'est certain que je ne le ferais pas lire à mes enfants. Certes, l'histoire peut être servie à un jeune public, encore faut-il qu'elle soit accompagnée d'explications. J'ai été marquée par toute la violence qui se dégage de ces quelques pages. D'abord et bien sûr la violence affective et psychologique dont Poil de carotte est victime: on se moque de lui, on l'humilie, on ne l'aime pas, on le néglige et on le bat, juste parce qu'il ne présente pas comme les autres. On peut aller plus loin en parlant de violence physique mais cette fois-ci à l'encontre des animaux présents autour du jeune garçon. Ce dernier les tue et les réduit en bouillie (je pense notamment au tableau du chat), comme s'il transférait son déficit d'affection dans l'acharnement contre des bêtes inférieures à lui. Il se maltraite aussi puisqu'il veut se suicider, pour enfin échapper au courroux maternel. Toujours un classique jeunesse ? Alors que je referme le livre, je n'ai toujours pas trouvé les réponses aux questions que je me pose en ce qui concerne le tableau "Les joues rouges" où il est question de maître d'étude (Violone) qui embrasse sur le front un jeune interne alors que les autres sont censés être endormis. J'ai eu beau cherché sur Internet, je n'ai pas trouvé d'autres personnes qui euent été choqué par de tels agissements que je ne trouve pas si innocents que ça. Mais peut-être que cela relève d'une incompréhension de ma part... Toujours un classique jeunesse ? Au terme de ma lecture, j'en doute fort, à moins d'adapter le texte initial en texte jeunesse un peu plus léger.

Finalement, je ne sais pas trop si je me suis attachée au personnage de Poil de carotte. Évidemment, j'ai été touchée par toute l'injustice et toute la cruauté qui se dégagent du livre. Cependant, je n'ai pas réussi à me ranger du côté de Poil de carotte, peut-être parce qu'il m'a justement manqué de l'affect, ne serait-ce que de la part de l'auteur, qui aurait pu être distillé tout au long d'une histoire suivie. En fait, on se rend bien compte que Poil de carotte est sans arrêt rabaissé mais on n'a jamais accès à ses ressentis profonds, sauf dans les derniers chapitres au cours desquels il ose enfin se rebeller et verbaliser toute la haine qu'il éprouve contre sa mère. A ce moment-là, j'ai éprouvé de la peine.

D'un coup d’œil, les plus, les moins.

+ Intéressant de connaître le texte initial qui a donné vie à ce personnage célèbre.
+ L'injustice du comportement de la famille Lepic à l'égard de leur petit dernier est dénoncée avec force.

- Toute la violence qui se dégage du récit n'est pas adaptée à un jeune public.
- L'articulation des chapitres fait de l'histoire quelque chose de morcelé (à l'image de Poil de carotte) et bride l'émotion qu'on peut ressentir à la lecture de ce classique.

Dernière infos.

Poil de carotte a été publié en 1894 et compte 157 pages. Il a fait l'objet de nombreuses adaptations cinématographiques, télévisées ou animées.

Ma note.
Challenges.

Cette lecture me permet d'avancer dans ces challenges:

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire