samedi 16 septembre 2017

L'île des oubliés - Victoria Hislop

En résumé.

Alexis, une jeune archéologue anglaise, est hantée par son histoire familiale - histoire à laquelle elle a eu très peu accès. Sa mère a toujours été peu loquace sur le sujet, ce qui ne fit qu'attiser la curiosité de sa fille au cours des années. Cette dernière décide alors de faire un détour, lors d'un voyage avec son petit-ami en Crète, dans le village natal de sa mère. Une conversation avec une vieille amie de la famille, un des rares témoins de la descendance des Petrakis, va lui en apprendre beaucoup sur son passé, notamment sur les liens qui ont uni ses aïeux à l'île de Spinalonga. Ce lieu chargé d'histoire accueillit entre 1903 et 1957 des colonies de lépreux, alors éloignés du continent pour éviter tout risque de contagion et endiguer la maladie. Un voyage autant dans l'espace que dans le temps, à la découverte de la mémoire d'une famille crétoise, voilà ce que nous propose Victoria Hislop.

Mon avis.

Cette lecture me fut offerte par Calyaa (son pseudonyme sur Livraddict) lors d'un Swap réalisé à la fin de l'année passée. J'avais vu la couverture se balader par ci par là, la plupart du temps accompagnée par des commentaires positifs. Cependant, la quatrième de couverture un peu trompeuse a mis du temps à me convaincre et j'attendais d'être dans une forme olympique pour me plonger dans cette histoire.

Car il faut dire que le sujet initial et surtout tel qu'il est vendu par l'éditeur, n'est pas des plus réjouissants. Qui dit lèpre, dit maladie peu connue et les seuls souvenirs qui me restaient des descriptions de ma prof d'Histoire de collège au sujet des jeunes gens qui l'avaient contractée au Moyen-Âge me donnaient plutôt envie de me munir d'un sac à vomi. Petit sujet sensible, j'avais donc peur d'avoir affaire à d'horribles descriptions. Ne nous dit-on pas d'ailleurs, toujours sur cette fameuse quatrième de couverture, "Quels mystères effrayants recèle cette île que surplombent les ruines d'une forteresse effrayante?" La lecture que j'en ai eue est finalement à l'opposé de ce film d'horreur annoncé. Via l'histoire de l'arrière grand-mère d'Alexis puis de sa grand-tante qui ont toutes deux vécu sur l'île de Spinalonga, on entre dans le quotidien des lépreux et j'en ai une image plutôt colorée. J'ai devant moi la vision de paysages ensoleillés, contrastés par le bleu azur de la mer et mis en relief par l'odeur entêtante des fleurs aux couleurs bariolées. Malgré la maladie, les habitants de l'île ne se sont pas laissés aller au désespoir et semblent avoir développé une petite société bienveillante et chaleureuse, à l'écart des affres mondiaux (je pense notamment à la Seconde Guerre Mondiale). De même, les anecdotes un peu gossip sur l'histoire des membres de la famille d'Alexis qui arrivent surtout à mi-roman ajoutent un supplément d'âme. C'est un peu comme si on feuilletait un Closer les doigts de pied en éventail au bord de la piscine, en s'exclamant toutes les trois pages "Non?! Elle a pas fait ça?" L'ambiance du roman est donc paradoxalement gaie et entraînante, même si les nouvelles ne sont pas toujours bonnes.

J'ai beaucoup apprécié les piliers historiques et donc réels de l'histoire. J'aime, de temps en temps, me plonger dans des histoires romancées mais enracinées dans la grande Histoire. Je trouve que ça humanise les dates et les faits qui s'enchaînent et surtout ça me permet de mieux mémoriser les lieux géographiques et le cadre temporel. On sent que l'auteur, helléniste, si on en croit le nombre de publications qui prennent racine en Grèce, a beaucoup fouillé l'histoire de Spinalonga et des villages crétois pour servir au lecteur un bout de ce passé resté un peu tabou. Il faut quand même mentionner l'originalité du sujet!

Néanmoins, au cours de ma lecture, j'ai pu déplorer quelques longueurs. Pour commencer, le récit cadre qui composent le premier et le dernier chapitre n'est finalement pas très utile. L'auteur aurait pu entrer dans l'histoire directement, sans passer par Alexis et sa soif de revenir sur l'histoire maternelle. Finalement, on s'en fiche un peu de savoir qu'elle n'est pas épanouie dans ses vies professionnelle et sentimentale. 98 % du livre sont dédiés à l'histoire de ses ancêtres et aux développements sur Spinalonga. Et puis il faut dire qu'on ne comprend pas très bien pourquoi la mère d'Alexis a eu honte de son passé. Certes, son histoire n'est pas commune mais de là à être aussi taiseuse... C'est donc un prétexte un peu raté pour entrer en matière.

Les autres longueurs apparaissent en fin de roman. Retracer le passé de toutes ses personnes prend des pages et on voit que l'auteur s'est un peu essoufflée en fin de livre, l'histoire est un peu plus bâclée, comme quand j'étais étudiante, que je démarrais mes devoirs sur les chapeaux de roue puis que je faiblissais et finissais par bâcler car j'avais des crampes au petit doigt. Et bien je pense que Victoria a aussi eu des crampes du clavier! Il faut dire que cinq cent pages pour une saga familiale, c'est beaucoup, surtout lorsque les rebondissements ne sont pas non plus à sauter au plafond.

Tout de même, j'ai été endurante et sans pointe à l'arrivée, je ne regrette pas ma lecture, somme toute agréable pour la période estivale.

D'un coup d'oeil, les plus, les moins.

+ L'intérêt historique du roman: on part à la découverte de l'île de Spinalonga.
+ Le voyage dans le temps et dans l'espace, tout ça avec les fesses collées au fauteuil et les sous dans le porte-monnaie.
+ Malgré le thème difficile, un sentiment plutôt joyeux et chaleureux qui se dégage du livre.

- Quelques longueurs et essoufflements, surtout vers la fin du livre qui peuvent donner une impression d'histoire bâclée.
- Le récit cadre qui bouffe des chapitres et qui finalement n'apporte pas grand chose à l'histoire.

Dernières infos.

L'île des oubliés a été publié en 2006 pour la version originale et compte 520 pages. Si vous êtes sensible aux charmes des paysages grecs, je vous conseille d'aller faire un tour vers les autres productions de l'auteur, dont Cartes postale de Grèce, sa dernière publication. Pour l'avoir feuilleté en librairie, ça donne envie car il regorge de photos de la région!

Ma note.
Challenges.

Cette lecture me permet d'avancer dans ces challenges:
Défi lecture 2017 - Consigne 20: Un voyage dans le temps. (28/80)

2 commentaires: